Jeanne Bastide

Jeanne Bastide fut enseignante et anime des ateliers d’écriture.

L’âpre beauté du paysage, L’Ail des ours, 2022.

« À travers les herbes sèches de l’été, tu apparais », première ligne du premier poème. Ce reflet qu’elle voit d’elle-même déambulant dans un paysage méditerranéen, de poème en poème, parcourt un paysage intérieur d’ombre et de lumière. L’autrice se livre dans le récit de ce cheminement. Aventure dans laquelle l’écriture a toute sa part. De l’ombre où « Le froid se met à grignoter les os », où le temps est « Dilaté au maximum », temps où « Tout se mélange. Tout se disloque », le désir a disparu mais la vie demeure, d’abord avec ses questions (« la vie est-elle en train de naître »). Dans cette obscurité la voix alliée d’un nous ou d’un on, voix rassurante de la tribu humaine, pluriel qui rompt la solitude du singulier, lui fait savoir qu’« au delà de la langue qui creuse le désir », au-delà du fait que nous soyons « ancrés en nous-mêmes […] il y a une sortie, une lumière… là tout au fond ». À la voix défaitiste (« Que crois-tu? Derrière l’horizon il n’y a rien ») elle répond: « On ne cesse de renaître, tu le sais ».
« Ton élan inachevé t’a laissé en suspension », c’est de cette suspension qu’écrit Jeanne Bastide. Arrive un temps où les sens accueillent l’extérieur dont les couleurs reparaissent. « Tu rentres » écrit-elle en clausule du dernier poème.

Jeanne Bastide L’âpre beauté du paysage, L’Ail des ours, 2022.

Laisser un commentaire