Michel Bourçon

Michel Bourçon, né en 1963 vit à Nevers.

Les rues pluvieuses n’iront pas qu ciel, Les Carnets du dessert de lune, 2014.

« peut-être parlons-nous seulement / pour nous évader du corps / fuir l’espace où l’on s’absente. »
Pas de première personne du singulier dans ce recueil qui déroule ses poèmes en un continuum de séquences juxtaposées comme sur une bobine de pellicule. Le temps y prend sa place, celui qu’il fait mais aussi celui des horloges aux « lendemains identiques » où « la vie sans trouver de sens / se maintient en composant sans trop penser », le temps du « mal de vivre ». Il y a surtout, détaché du temps des saisons, le surgissement de l’instant dans sa puissance d’émerveillement; un nuage s’écarte et « …dans l’embellie / le sourire du jour / dépasse de son masque », l’aperçu d’un rouge-gorge, « joie de rencontre » ou une libellule qui se pose sur la main. Si « une présence noire / [qui] importune le temps » se manifeste, le temps de ce recueil reste celui, immobile, du premier regard sur le monde, « aucun nuage n’alourdit le ciel / de ce monde prêt à éclore ».

Musique: Magali Robergeau & Gérald Méreuze,
lecture & mise en son: jacques Vincent.

Ludovic Degroote

Ludovic Degroote né en 1958 vit dans la région lilloise.

« La digue », éditions Unes, 2018.

« Lieu de passage où rien ne se passe, la digue c’est dans ce temps-là qu’on y va », cette chaussée en impasse est lieu d’introspection. « Ni vraiment dehors ni dedans totalement, on s’échappe de tout sans sortir de rien ».
Les brèves séquences de prose se succèdent en vagues écrites comme on se parle à soi-même. Le pronom personnel « on », indéfini et collectif m’entraîne à tâtons dans un dedans peuplé de « choses [qui] n’ont pas deux fois le même goût », paysage intime à consistance matérielle, « on s’émiette, on s’éboule, ça se construit ». Je chemine comme dans un labyrinthe de glaces vers « là seul où c’est bon d’être soi, où on l’est enfin » peut-être, « On a du mal à se sentir, on a jamais vécu en dehors de soi », quidam parfois burlesque balloté de paradoxes en paradoxes, « on a tous des soucis et tous une tête à mettre autour ».

Musique: Magali Robergeau & Gérald Méreuze,
lecture & mise en son: Jacques Vincent.