Béatrice Bonhomme

Béatrice Bonhomme, « Les boxeurs de l’absurde », éditions L’Étoile des limites, 2019.
Onze longs poèmes fragmentés en stances, chacune installée dans l’espace d’une page. Nous y sommes guidés comme de salle en salle sur un parcours d’ombres et de lumières dans lequel domine la couleur rouge.
« … et du sang de la méduse / naissaient les os du corail »
On perçoit la violence d’une histoire collective (« on allait par le monde avec son cœur et ses entrailles / aux quatre vents de l’oubli ») autant qu’on en devine une personnelle (« Pourquoi si rouge la maison du cœur de l’enfance »). Des douleurs qui ne peuvent se dire et être entendues autrement que par la voix du poème, un espace où s’enchâsse le temps d’un récit .

Stèles pour un scribe, publié avec l’aimable autorisation de l’éditeur.
Musique: Magali Robergeau, Gérald Méreuze & Quentin Lamerand,
lecture et mise en son: Jacques Vincent.

Françoise Louise Demorgny

« Pointillés », éditions Isabelle Sauvage, 2019.
Ces pointillés qui conduisent l’ouvrage invitent à de multiples lectures. Il peut être considéré comme recueil de poèmes en prose, chacun désigné par un mot sans pronom posé comme un point en tête de page. On peut aussi faire défiler les incipit qui surmontent chaque paragraphe, les reliant comme un long poème. Le livre est cependant construit en continuum, une avancée erratique néanmoins conduite par la ténacité d’une enquêtrice qui s’appuie sur des extraits de journaux intimes, bribes de paroles et d’instants remémorés, documents officiels et qui cheminent vers « ces morts, les miens qu’à force de vouloir je ranime / que je dérange dans leur paix éternelle ». On y croise, parmi les membres d’une famille, une tante Pierrette, ses clartés, ses obscurités, l’absence de son fils Roland et le fantôme de Rimbaud qui, comme l’auteur est issu des Ardennes, ce massif que traversent les pointillés d’une frontière. Rimbaud qui sur ses manuscrits, « …use de points de suspension » dont « chacun restitue un geste, un élan, une rage, une retenue, rend un souffle, une humeur oubliée et parle ». Flottantes et discrètes, les paroles de nombreux poètes ponctuent une écriture tout en suspensions où l’air circule si bien entre les lignes, entre les mots.
« il reste aux mots comme aux fougères cette beauté
de feu follet leurs architectures légères » 

Enregistrement publié avec les aimables autorisations de l’auteur et de l’éditeur. Musique: Magali Robergeau & Gérald Méreuze.
Lecture et mise en son: Jacques Vincent.