• Samedi 25 mars, à la cave Les dieux ont soif, 34 rue Anatole France à Douarnenez, à 12h 30, nous lirons les « vins » de Baudelaire extraits de « Les fleurs du mal ».
Anne-Sophie Subilia
De nationalité suisse, Née en 1982, Anne-Sophie Subilia vit au bord du Lac Léman.
Les hôtes, Paulette éditrice, 2022.

Ce livre nous offre une poésie qui, à l’instar des romans de l’auteur mais libérée de leur temporalité, nous fait découvrir par fragments une vie indissociable du paysage qui l’abrite temporairement.
Ce sont des corps qu’elle nous donne à voir dans ces pages, des corps libres d’être qui ils sont, accueillis avec douceur par ce lac qu’elle écrit aimer avec passion, ce « grand hôte plein de beau flegme », ce Léman si aimant. On y croise parmi d’autres les pieds d’une vieille dame, les corps d’un vieux monsieur, d’une famille de russes et de portugais, celui aussi d’une « maigre fille » (« autour du corps en os / nous chanterions tout bas / nous ferions cette danse apprise autrefois »), un garçonnet qui pisse dans l’eau et des cygnes.
Les êtres sont saisis dans leurs gestes familiers et, comme le fait le lac, s’invitent dans l’écriture « sans distinction / afin qu’ils se surmontent ».
« Est-ce possible / qu’aller au lac signifie bien plus qu’il n’y paraît ».
lecture & mise en son: Jacques Vincent.
Philippe Jaccottet
Né le 30 juin 1925 à Moudon en Suisse, Philippe Jaccottet est mort le 24 février 2021 à Grignan.
Le dernier livre des madrigaux, Gallimard, 2021.

Ce livre posthume est composé de poèmes écrits en 1984 où quelques mêmes motifs se répondent en échos. Il commence par une rêverie à l’écoute de Claudio Monteverdi, probablement La lettra amorosa comme le suppose Christian Travaux dans un article de Poesibao du 29 mars 2021*. Ce fut l’occasion pour moi de découvrir la musique de Monteverdi et de participer à ce « baptême de la longue nuit d’été ».
Puis paraît un chariot que j’imagine dans la campagne toscane, « à travers les collines colorées de l’été », qui va rejoindre celui du ciel où chacun pourra « se gorger d’étoiles mures », émotion suscitée par la « beauté du monde » inséparable de sa douleur. Est invité plus loin « le vieux forgeron de volutes et de flammes », incarnation selon Christian Travaux de Claudio Monteverdi et on le comprend dans la partie II du recueil où « les ruisseaux se sont éveillés », musique encore, en présence d’un été « trop fuyant » quand « Tous les blés flambent »; le feu, métaphore de la musique, de l’émotion qu’elle éveille comme la poésie « dans la jubilation de la lumière ». Une lumière qui ne serait « pas seulement du ciel » éclaire ces madrigaux intemporels où flotte l’ombre transparente d’Orphée.
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lecture & mise en son: jacques Vincent.