Michel Bourçon, né en 1963 vit à Nevers.
Les rues pluvieuses n’iront pas qu ciel, Les Carnets du dessert de lune, 2014.

« peut-être parlons-nous seulement / pour nous évader du corps / fuir l’espace où l’on s’absente. »
Pas de première personne du singulier dans ce recueil qui déroule ses poèmes en un continuum de séquences juxtaposées comme sur une bobine de pellicule. Le temps y prend sa place, celui qu’il fait mais aussi celui des horloges aux « lendemains identiques » où « la vie sans trouver de sens / se maintient en composant sans trop penser », le temps du « mal de vivre ». Il y a surtout, détaché du temps des saisons, le surgissement de l’instant dans sa puissance d’émerveillement; un nuage s’écarte et « …dans l’embellie / le sourire du jour / dépasse de son masque », l’aperçu d’un rouge-gorge, « joie de rencontre » ou une libellule qui se pose sur la main. Si « une présence noire / [qui] importune le temps » se manifeste, le temps de ce recueil reste celui, immobile, du premier regard sur le monde, « aucun nuage n’alourdit le ciel / de ce monde prêt à éclore ».
lecture & mise en son: jacques Vincent.