Carolyn Carlson, née en 1943 en Californie est danseuse, chorégraphe, poète.
Au bord de l’infini suivi de Dialogue avec Rothko, traduits par Jean-Pierre Siméon, LE PASSEUR éditeur, 2019.

Journal de bord écrit sur les pierres chaudes d’un chemin de vie, chemin de crête « au bord de l’infini ». Ainsi m’apparaît ce recueil fait de dessins et de poèmes qui signent une présence vive, une disponibilité étendue. Les textes relatent, adressent, énoncent, questionnent, décrivent, suscitent, tissent une pensée implicite et généreuse qui, faisant fi de la chronologie, embrasse le temps et l’espace et nous fait éprouver le mystère de l’évidence (« Et comment donc M. Einstein / une chose pareille est-elle possible? »).
Le premier ensemble s’achève sur « Des portes / peintes par Rothko ». L’auteure les ouvre pour se laisser avaler par les toiles du peintre, plonger dans ce glacis « NOIR DONT ON DIRAIT QU’IL SCRUTE L’ÉTERNITÉ ». Un dialogue s’établit avec le plasticien en miroir de ses propres gestes (« le rouge de la brosse et du couteau sculptant à même le vide ») et de sa façon à elle de rendre présent (« L’Œuvre ne signifie rien / elle dit tout / elle est elle-même »).
Je retiens en page 99 un poème qui touche si justement à l’être énigmatique du poème: « Terres et océans se séparent //les mots se retournent / sur eux-mêmes // sur ma table / une lettre demeure close // un message / que je garde pour toujours / si petit / si nécessaire ».
traduits par Jean-Pierre Siméon, LE PASSEUR éditeur, 2019.