Jean Azarel

Né en 1954 à Montréal, Jean Azarel réside aujourd’hui en Finistère.

Trois couleurs mer, L’Ail des ours, 2024.

« Ce serait donc ça la poésie » est le premier vers du premier et du dernier poème du recueil, manifestations d’un étonnement qui ne s’épuise pas.
Les mots claquent comme les vagues qui se brisent sur les rochers du Cap Sizun dans lesquelles « tu captes les râles mystérieux / des miséreux que les puissants / ont envoyé mourir à la guerre ». Attentive à saisir les rumeurs et les mouvements de cette fin de terre qu’elle célèbre, l’écriture, est alerte. S’y épanouissent les callunes, les panicauts, les genêts, toutes plantes de la lande. Y résonne la puissance onirique des toponymes: pointe de Castelmeur, Eckmül, Esquibien, Raz de Sein. Les mots se rencontrent pour sonner en allitérations (« La côte découpe a capella / des dentelles mélancoliques ») et même s’accorder en contrepèterie (« Là où finit la terre / se prennent des bolées / de voix vertes ») pour surmonter la boucaille qui peut arroser cette terre salée où « Les muses cornent à la brume »..
En fin de ce recueil illustré par des dessins de Georges Le Bayon, deux poèmes en hommage à deux écrivains, amis disparus de l’auteur: Joseph Ponthus et Alain Jégou.

Jean Azarel,Trois couleurs mer, L’Ail des ours, 2024.

Orée Li

Poète et marionnettiste, Orée Li se produit dans des récitatifs musicaux.

J’ai le sang de saison, anthologie Triages, éditions Tarabuste, 2023.

Accueillie avec six autres auteurs dans cette anthologie, Orée Li, sous un titre qui regroupe trois textes, met les mots en bouche, leurs parfums, leurs saveurs, leurs textures, leurs goûts salé, sucré, pimenté, amer. Dans une sorte de journal en marge de l’existence ordinaire elle s’ouvre à l’univers à travers l’enfant qui l’habite. Avec sa langue elle en goûte les formes, s’invente en de minuscules récits (« Je me suis mariée avec des pommes pourries »), se métamorphose (« ce matin / je me réveille blanche / dans un grain de riz noir »), fait tinter les vers « quand crépite les reliquats de la cafetière », les regarde s’écouler « comme de l’huile de cameline / sur le parquet », se laisse surprendre par des allitérations (« je pense / curcuma et m’écroule »). Avec ravissement le temps suspendu se désemploie dans la musicalité de ses poèmes pour laisser place au délice de l’instant « dans toute sa normalité mystique ».

Orée Li, J’ai le sang de saison, anthologie Triages, éditions Tarabuste, 2023.