Élize Ducange

Élize Ducange qui est aussi plasticienne vit en Bretagne.

Juste à moitié dévorée, éditions Goater, 2021.

« Les ogres dans les histoires sont terribles, / surtout ceux qui laissent les petits enfants à moitié dévorés ».
Ce long poème est le témoignage d’une femme qui fut une enfant victime des pratiques incestueuses d’un oncle. L’écriture sans concession va à l’essentiel, elle progresse par fragments de vers et de proses qui assemblent leurs voix pour braver le silence familial.
« Écrire et dessiner pour avancer, voir ce chemin se tracer mot à mot »: de page en page les mots dessinent des blancs et se bâtit une architecture émouvante et maîtrisée. « Telle Isis aujourd’hui je suis en quête, de me rassembler » écrit-elle. Ainsi se reconstruit l’estime d’elle-même.
C’est le moyen qu’elle a trouvé de « dire sans être impudique », de sortir du silence et de l’assignation à « ne pas déranger », elle, « la méchante fille », qui était «  la cause » et « la conséquence, / trop jolie qu’ils disaient ». Le moyen qu’elle a choisi de « faire un TOUT contre le RIEN ». Contrairement à sa sœur ainée qui devint anorexique avant de se jeter dans le vide et « mourir sans bruit », « la vie est si forte en (elle) qu’elle n’a pas réussi à disparaître ».
Si elle est devenue « maison hantée », ce poème l’exorcise et nous en rend témoins: « je suis donc vivante // et hier, je l’étais aussi ».

Élize Ducange, Juste à moitié dévorée, éditions Goater, 2021.

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