Adeline Baldacchino

Née en 1982, Adeline Baldacchino vit à Paris où elle est aussi magistrate.

par les chemins sublimes, L’Ail des ours, 2023.

Ce livre paru dans la collection Graines d’ours destinée aux enfants est illustré par les dessins aériens de Valérie Linder. Ses pages déploient un poème qui peut être entendu à l’heure où les « rivages (sont) épousés par la nuit ». Il est un fil d’Ariane pour aider à franchir « la porte du labyrinthe », à voir et vivre « l’envers des choses qui brûlent », à passer « de l’autre côté du feu », donnant à imaginer « la folle beauté de ce monde », offrant à l’enfant des raisons de s’émerveiller. L’autrice guide le lecteur en l’intégrant à un nous qui rassure (« nous marchons d’un même pas »), et autorise en même temps (« ce n’est pas si mal / de vouloir s’affranchir / de fabriquer sa liberté / et de bric et de broc de forger des ailes »). Ces lignes font entrevoir l’Orient des « montagnes de Galaad » d’où vient le jour pour remplacer la nuit.
Sublime est un adjectif qui fut d’abord utilisé par les alchimiste pour qualifier une étape dans la transformation de la matière. C’est par la puissance singulière de ses images (la joue du temps, les confins du sablier, l’odeur de vivre, …) que le poème libère le réel, le transfigure, rendant possible « ce que nous ne cherchions pas ». C’est cela la poésie.

Adeline Baldacchino, par les chemins sublimes, L’Ail des ours, 2023.

Adeline Baldacchino

Née en 1982, Adeline Baldacchino vit à Paris où elle est aussi magistrate.

 Ce que nous sommes lorsque nul ne nous voit, L’Ail des ours, 2023.

« À quoi servent tous ces mots? / dit l’écrivain qui ne devrait pas écrire / […] / à quoi? / l’enfant seul le sait ».
En guise d’impossible réponse à la question ontologique induite par le titre, le recueil débute avec les cris de goélands « qui sonnent comme un alphabet » et suggèrent d’apprendre cette autre langue pour, s’extrayant du regard de l’autre, « se réinitialiser », entrer dans le jeu comme dans un conte. Nous n’aurons que « trois chances avant l’erreur fatale ». Les réponses viendront, multiples, de l’océan, du ciel, du hasard inconscient qui émerveille le poème.
Une pensée « qui fait moisson de hasards » se faufile « entre l’évidence et l’impossible » pour aller jusqu’à frôler la métaphysique (« comment l’un devint plusieurs / comment plusieurs se fit complexe / comment complexe devint vivant »). L’écriture « chemine sur les rives du vertige ». « L’écrivain qui ne devrait pas écrire » cherche, comme on ferme les yeux, « à s’absenter de soi pour y plonger », il a ce pouvoir avec celui de se réincarner par l’écriture.
« La magie » du poème, détournant du miroir, embrasse les paradoxes.

Adeline baldacchino Ce que nous sommes lorsque nul ne nous voit,
L’Ail des ours, 2023.