Jean-Christophe Ribeyre

Né en 1974, Jean-Christophe Ribeyre vit en Ardèche.

La relève, L’Ail des ours, 2022.

« Je voudrais habiter / l’imprévu, / ce temps choisi / de lenteur, ce temps de sève / qui ne se gagne pas, / ne se perd pas, / celui, simplement, / qui met au monde. »
Ce poème ouvre un texte en forme de supplique rythmé par le conditionnel « je voudrais », qui questionne l’être au monde et la relation aux mots. L’imprévu ne peut se vouloir et le paradoxe habitera l’ouvrage comme un déchirement, une blessure, « la blessure d’espérer ». L’écriture est un fil tendu entre vivre et nommer qui expose le poète: « peut-être (les mots) finissent-ils toujours / par dire cette absence / de soi à soi / et au monde ».
Sur les dernières pages survient l’injonction « il faut que » (« Avec le murier à qui j’ai apporté de l’eau / […] / il faut que je m’entende, / c’est à dire que je m’efface »), une conduite à tenir pour abandonner ce « Je » dont il est écrit justement qu’il est à la fois « l’oppresseur et la proie » — l’oppresseur étant aussi celui qui déclare « il faut ».
À la question posée « Quel abri, / quel secours / attendre? », la réponse est dans le poème seul où se vit dans l’énonciation « la rêverie simple d’être au monde ».
« Le vacillement des ombelles. / La caresse des prés. / La simplicité d’un ciel / épris d’oiseaux. / Vivre parfois est cette traversée. »

Jean-Christophe Ribeyre, La relève, L’Ail des ours, 2022.