Salah Al Hamdani, né à Bagdad en 1951, opposant à la dictature de Saddam Hussein a choisi la France comme terre d’asile.
Le veilleur, éditions du Cygne, 2019.

La figure de l’exil irrigue l’écriture de ce veilleur qui s’adresse à lui-même en ce long poème. « Qu’est-ce que l’exil? », la question revient en anaphore éveillant de multiples réponses qui agrègent de nouvelles questions. Le poème se propage de métaphores en métaphores comme un incendie attisé par une déploration récurrente: « Comme la lune est loin derrière le verger / Comme ton visage est loin dans la guerre ». Si souvent le veilleur s’assoit « entre les jambes croisées du soir » pour écouter « les sauterelles de l’enfance », prie le « Seigneur de la tempête » de lui ramener « l’odeur de l’Euphrate », il « frappe (aussi) dans le songe / à une porte qui ne s’ouvre jamais ».
Les jours de celui pour qui l’exil est un « Pays où le poème reste un projet de complot » cheminent « d’un cahier à l’autre ». L’écriture conjure la mélancolie:
« Parce que je suis un palmier apatride / je veux reconstruire le matin disloqué dans l’abîme ».