Sophie Loizeau

Sophie Loizeau, née en 1966 vit à Versailles.

Leur nom indien, Rehauts, 2020.

« Leur nom indien », récit en prose sous-titré poésie-fiction, nous fait entrer dans une intimité d’où émane une lumineuse sincérité. Le personnage central est Lys par qui on rencontre, révélés peu à peu dans le bain de l’écriture, sa fille Buddleia, If, son compagnon, Troëne un ancien amant (bref passage en rêve), Mélèze le père de Buddleia, sa mère, son père et sa sœur à elle. Le texte se déploie en vingt six chapitres qui vont de -5 à 0, relatant la période du décès de la mère de Lys, puis de 1 à 20 sur la période du deuil. Des temps vécus au ralenti par cette « petite scribe » qui va, carnet et stylo en poche, « chercher la vie à sa source ». Les gestes et les lieux familiers (des toponymes aux noms signifiants), la nature, ses lectures, les événements du quotidien, « l’océan premier en tout », ses pensées, ses rêves, ses rêveries, ses apparitions, avec « Quelques joies arrachées de haute lutte au quotidien » forment un sol qui nourrit Lys. Elle « se gave, se morfale d’air, de mer, de sensations ». Le monde se fond en elle, elle se fond au monde où choses et êtres se confondent: « Le tapis chinois, la tapisserie, les Sèvres, la vitrine à figurines et à bibelots, (…), sa mère est ce décor ».
Le temps presque immobile la conduit à « redevenir miséricordieuse à soi-même. À l’état liquide, à peine contenue, à débordement, à écrire. Avec homme et enfant non loin. La plus belle des vies », le récit s’achève sur un « pont japonais au-dessus de grands nénuphars ».

Sophie Loizeau, « Leur nom indien », éditions Rehauts, 2020