Jacques Vincent

Né à Nîmes en 1950, vit aujourd’hui dans le Finistère.

Les passagers, éditions Folle Avoine, 2020.

Étienne Faure a écrit dans Poezibao (extrait):
Il y a d’abord la voix de Jacques Vincent, celle qui dit en public les textes des autres avec talent et générosité. Des textes lus régulièrement à voix haute avec une attention si singulière qu’elle sert souvent de révélateur pour leurs auteurs contemporains. Chaque semaine, avec la complicité de la librairie de Douarnenez L’ivraie -actif lieu d’accueil et de découverte des poètes et des écrivains-, nous sommes invités à retrouver les lectures de Jacques Vincent sur le site du collectif 30 minutes d’Insomnie.
Et c’est cette même voix, alerte et attentive, qu’on retrouve dans « Les passagers », dernier recueil signé par Jacques Vincent aux éditions Folle avoine (La Petite Bibliothèque, juin 2021).
Quoi d’étonnant que le livre s’ouvre, précisément, par cette entrée en vocalises, cette entrée en matière tout en écho à ces lectures :
Vous m’entendez là?              
C’est mieux avec ou sans ?
Oui vous m’entendez, alors ça va sans micro
                          Moi je préfère

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Extraits. Musique: Magali Robergeau & Gérald Méreuze.
Lecture & mise en son: Jacques Vincent

Ryokan

« le moine fou est de retour », traduit par Cheng Wing Fu et Hervé Collet, éditions Moundarren, 1988.

« Qui dit que mes poèmes sont des poèmes / mes poèmes ne sont pas des poèmes / si vous comprenez que mes poèmes ne sont pas des poèmes / nous pourrons alors parler de poésie ».
Ryokan ( bon et bienveillant ) de son nom de moine auquel il attacha le sobriquet de Taigu ( grand fou ) qu’on lui donnera par moquerie, est né au Japon en 1758 et mort en 1831. Calligraphe et poète, il appartenait à la branche Soto du bouddhisme Zen qui s’en tient à la méditation assise comme principale pratique. S’éloignant des intrigues et des honneurs des monastères et de la vie littéraire, il se retira pour une moitié de sa vie dans l’ermitage de Gogo an (des cinq mesures de riz).
Ce recueil, est une chronique de la vie simple qu’il a choisi de mener à Gogo an.
« dans mon bol solitaire / le riz de mille familles / une robe en tissu, mon corps est léger / rassasié, rien de spécial à faire / allègre, je vieillis sereinement ».
Ses poèmes, écrits en chinois, ne sont pas un enseignement ( il a toujours refusé les disciples ) mais simples témoignages d’une vie conforme à la transmission du Bouddha Shakyamuni, vie comparable à celle, aussi légendaire de François d’Assise. Ils évoquent le paysage et tout ce qui advient comme l’ennui (« dans ma hutte montagnarde, les jours et les mois sont longs »), comme l’ébriété ( « toute la journée, sans rien à faire, / nous buvons du saké face aux montagnes en riant généreusement »).
Les sons de la nature remplacent les cloches et les tambours des temples, les froissements de robes des officiants, pour résonner dans un espace intérieur immense.
« La pluie a cessé, des gouttes tombent encore / à ce moment-là mon sentiment est extraordinaire / vaste, immense, connu de moi seul ».
Ce « clochard céleste » , conscient du contexte politique et social dans lequel il vivait, se définit lui-même comme « un homme oisif à une époque de paix ».
Si, de son vivant, il eut une notoriété de calligraphe, ses poèmes ne furent connus qu’après sa mort. Teishin, une jeune nonne dont il fut aimé et qu’il aima à la fin de sa vie se chargea de les collecter et de les faire publier.

Clémentine Mélois

Clémentine Mélois, « Sinon j’oublie »,
Éditions Grasset 2017

Née en 1980, artiste plasticienne et écrivaine, membre de l’Oulipo depuis 2017, enseigne l’édition à l’École supérieure des Beaux-arts de Nîmes. Elle fait également partie de l’équipe « Des Papous dans la tête », émission de France-Culture.
Glaneuse de listes de courses tombées sur les trottoirs ou le fond des Caddy®, elle étudie les indices dont ils sont porteurs : supports, graphies, orthographe, nature de la liste, pour former des personnages qu’elle baptise et fait monologuer. Les pages paires livrent le fac-similé de la liste (un poème déjà), les impaires le texte surmonté du prénom de l’imaginaire auteur. Ces petits moments de prose se jouent des langages auxquels la langue donne lieu et nous renvoient, en en moquant les traits, aux candeurs et aux maladresses de notre propre humanité. Si les flèches sont parfois cruelles, les personnage après tout lui appartiennent.

Extraits publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Musique: Magali Robergeau & Gérald Méreuze, lecture & montage: Jacques Vincent.