David Rondin

Né en 1966, David Rondin vit et travaille comme bibliothécaire en région parisienne.

Je garderai les yeux ouverts, Cheyne, 2023.

« Cette bouche qui embue la fenêtre de la chambre, […] elle porte une forme d’être insaisissable. Elle me fait savoir par images interposées. ».
Ces phrases dont la première mentionne un geste d’enfant esquissent un chemin de lucidité.
Deux parties à ce recueil de proses poétiques, la première, « Paysage aux aguets » est composée de fragments auto-biographiques mêlés à des visions qui ressemblent à des récits de rêves diurnes ou nocturnes. « Je » y est héros attentif venu d’une  « vie cachée à l’intérieur de la vie ». Il s’écrit en des fragments de récits atemporels, phrases juxtaposées accueillant tout ce qui s’offre au regard et qu’anime ce que Bachelard nommait une pensée détendue.
Si « Paysage aux aguets » s’achève sur la phrase « Il ne pourrait pas vivre ici encore longtemps », « Quelqu’un », titre de la deuxième partie (qui pourrait être un deuxième chapitre) est un mot qui détient à la fois le multiple et l’unique. Ce quelqu’un est quelqu’un d’autre que l’auteur (ou presque), « Quelqu’un d’ailleurs. Qui a l’esprit ailleurs aussi souvent que l’occasion prend forme dans son désir », tout disposé à l’accueillir donc, quelqu’un qui se substitue au « je » du « Paysage aux aguets ». À l’issue de ce chemin de lucidité on découvre que ce quelqu’un est « Quelqu’un dont le nom ne s’écrit pas » et que « Personne ne viendra ». Personne, un mot contrarié qui détient à la fois le sens et son contraire.

Musique: Magali Robergeau & Gérald Méreuze,
lecture & mise en son: Jacques Vincent.

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