Étienne Paulin, né à Angers en 1977, vit dans le Finistère.
Poèmes pour enfants seuls, Gallimard, 2023.

De ce recueil en quatre parties (Fin du trésor, Province, Terrain d’étourderie, Ariel) « en marche vers le pli du jour », le premier vers, débute sur un élan et une musique, « le timbre des oiseaux », qui accompagne le mouvement de brefs poèmes composés en minuscules avec de rares ponctuations. Des tableaux, des sensations, des scènes, des fragments de biographie détachés du tissu de la mémoire viennent activer le silence des pages, me faire entendre que pour moi aussi « il existe un hangar où le temps se repose » et que reconnaît les rêveries de l’enfant seul que chacun et chacune porte toujours en soi. « quarante habits dans la forêt / quelqu’un répand de la beauté », certains poèmes sonnent comme des comptines.
Comme souvent dans les recueils, je trouve ici en page 82 Dernière offre, poème pivot qui m’aide à accueillir l’énigme de l’ensemble en guidant mes relectures: « la poésie / que l’on surprend au fond de la boutique / derrière la réserve / par-dessus l’extincteur et sous les vies vécues / les destins politiques les drames romancés // horizons cornés / ciels à la va-vite / — comme si vous y étiez: venez voir / on ne paie qu’en sortant ».
La poésie que l’on surprend: ce basculement me ravit.

