
Étienne Paulin est né à Angers en 1977.
À part leurs titres, rien n’est capital dans ces poèmes qui émergent du blanc comme des respirations. Une pudeur les habite. Ce sont, comme l’indique le titre de celui de la page 39 « des mots sans bruit »:
» je ne sais pas ce qu’on y faisait / je me souviens des carrelages // et de l’odeur — ah non / déjà j’invente // pourquoi ce lieu / continue tant // je me souviens des carrelages ».
Minuscules fragments de mémoire, errances dans un espace d’autrefois, les questions mélancoliques annoncées dès le premier poème « sans réponse » (« mon enfance est retenue / dans une espèce de verrière ») se répandent avec douceur (« salve triste », « temps perdu », « mots tombant »,…). Questionnent aussi les vifs surgissements du présent (« j’aime les bruits qu’on entend / très haut dans la ville / si loin qu’on se demande ») qui témoignent d’une disponibilité du poème à l’instant. Disponibilité et vivacité que portent la brièveté (« pas le temps d’une phrase: alors le poème »): une manière certaine de prendre distance avec le malheur. « deux colibris / ont tout vu // et pépient comme si rien »