Ariel Spiegler est née en 1986 à São Paulo.
Le mélange de l’eau, éditions Corlevour, 2023.

« La radio grésille dans la voiture / une pluie battante s’écroule sur le pare-brise ». Passager dans le confort de l’habitacle, je me laisse conduire de poème en poème. Les mots qui me sont parfois adressés (« Tu te souviens de ce que ça fait / La sensation du sel et du vent ») sont si légers qu’il semblent flotter au-dessus des pages. L’écriture les dépose en pétales de confidences, sans les contraindre laissant de l’air circuler entre les lignes. Si les vers sont libres, la fréquence des octosyllabes fait entendre leur musique. lls sont sans ponctuation, sinon quelques points d’interrogation, et débutent avec une majuscule comme si chacun avait de surcroît la liberté d’être commencement d’un nouveau poème. Ils dévoilent le potentiel poétique de « cette vie si mélangée », sa « Beauté aux dents de travers ».
Le recueil est construit en deux parties séparées par une citation d’un sonnet de Shakespeare relative à l’amour. Derrière ces « mots ou brins de mousse » qu’Ariel Spiegler nous confie avec sincérité, derrière l’humour aussi se laisse deviner quelque blessure initiale (« Beau visage où l’on a caché / Petit écureuil n’avait rien compris / Au coin d’un bois ne dit rien de sa douleur »).
