Colette Daviles-Estinès

Colette Daciles-Estinès née au Vietnam, vécut en Océanie et en Afrique et fut paysanne dans les Alpes du Sud.

La mesure des murs, L’Ail des ours, 2022.

« Je me suis retournée et / j’ai vue toute la nuit traversée ». Mot après mot, ligne après ligne, les poèmes de ce recueil déploient un parcours de vie; l’eau, la terre, l’air, le feu y sont omniprésents. Ces odes à la nature écrites à l’aube, sont autant de chants qui accompagnent le mouvement des choses, des êtres et du temps; les règnes s’y chevauchent, s’interpénètrent (« Un troupeau coule le long des lavandes / L’eau des sonnailles irrigue le silence »). Le désir se nourrit de l’écriture qui s’empare de « tout ce qui fulgure » et lorsqu’elle écrit « J’attrape le désir / au lasso des poèmes », c’est pour repousser peut-être la mélancolie qui accompagne l’exil (« Mourir à tout mon paysage / Mourir à tout ce que j’habitais »). Les verbes souvent conjugués à la première personne du singulier sont aussi souvent laissés à l’infinitif, comme des impératifs adoucis formulés par une (ou un) autre pour dicter une intention, « canaliser le flux des souvenirs / les choses jamais écrites ». Le dernier poème, sans point final comme tous les autres, s’achève sur une attente (« Je voudrais qu’un rien me traverse »).

Musique: Magali Robergeau & Gérald Méreuze,
lecture & mise en son: Jacques Vincent.