Jean-Pierre Chambon

Né en 1953, Jean-Pierre Chambon co-dirige la revue Voix d’encre.

La remontée de eaux, L’Étoile des limites, 2025.

Ces proses nous conduisent sur les bords de trente torrents, rivières, fleuves ou ruisseaux de France et d’ailleurs. L’écriture de ce contemplatif nous en fait vivre avec précision les mouvements et les couleurs, les reflets, les frémissements de surface, les scintillements, les ombres, les variations de lumière et les sourires en des phrases qui nous éclaboussent: « le reflet d’un ciel pommelé dont la luminosité estompée par les nuées cotonneuses, donnaient à l’eau l’aspect d’un vieil émail ».
Dans le texte liminaire l’auteur interroge le fait d’écrire: « ne serait-ce pas faire le chemin à rebours, remonter le cours de la mémoire » puis au fil des lignes et des pages s’abandonne au flux pour « larguer les amarres du rêve et se laisser emporter par le fleuve au gré de ses méandres ». L’écriture nous donne à rêver le fleuve, le ruisseau, le torrent ou la rivière, à entendre leurs musiques et à y percevoir « le reflet fugitif des jours heureux ».

Jean-Pierre Chambon, La remontée de eaux, L’Étoile des limites, 2025.

Jean-Pierre Chambon

« L’écorce terrestre », éditions Le Castor Astral, 2018
Jean-Pierre Chambon, né en 1953, publie essentiellement de la poésie. Son recueil « Le roi errant  »  lui vaut en 1996 le prix Yvan Goll de la poésie francophone. Il co-dirige la revue de poésie Voix d’encre.
Huit textes composent le recueil qui engagent tous l’œil, le sens de la vue. Le monde et ses phénomènes sont passés obstinément au crible du regard de l’écriture, l’œil d’un cyclope qui voudrait pénétrer toute matière, en défier la résistance : Ces visions au bord de l’évanouissement / attestent d’une lutte avec l’ange de la présence. Le regard creuse toute chose autant que ce qui s’écrit : c’est encore trop dire, approcher avec des images trop fermes ce qui échappe à tout contact. Exploration d’un champ de tournesol, d’une forêt incendiée ou d’une friche, industrielle, objets abandonnées, débris, poussières, ainsi entre-t-on dans les lieux du poèmes par l’humide et le sec. On y touche des matières qui transsudent, se dessèchent, brunissent, noircissent, s’altèrent, muent en s’extrayant de peaux successives. Même la pierre se délite sous l’effet de la répétition de son nom. De la vue à la vision, les choses se détachent de leur état et s’animent d’intentions et de gestes : … des méduses aux visages d’enfants viennent se nourrir du lait de la lumière … .
Dans cette écriture dont les mots désignent aussi bien les états et transformations des matières qui nous constituent, se lit l’ardent désir de connaître en se fondant dans l’objet de connaissance.

Jacques Vincent

Jean-Pierre Chambon, « La poussière du silence », extrait de « L’écorce terrestre », Le castor Astral, 2018.