Ariel Spiegler

Née en 1986 à São Paulo, Ariel Spiegler vit dans le Finistère.

Le cycle des pigeons, éditions des compagnons d’humanité, 2023.

Les poèmes de ce petit recueil se mêlent aux déambulations des piétons familiers que sont les pigeons de ville. Des évocations citadines qui donnent en partage le gris des rues, irisé de verts, de mauves, de violets.
« Je me souviens de ta chambre au septième étage / De ce café soluble au goût fumé / De la petite lampe sur la table ». Les souvenirs évoqués nous sont familiers et laissent « Comme le silence de quelqu’un / À l’instant parti ». L’écriture au présent et les descriptions de lieux ou de scènes dé-contextualisés autorisent nos mémoires à s’égarer comme « au hasard des plans / Dans un film de Truffaut ». Le détective au chapeau mou rencontré en page 22 est-il celui qui engagea le jeune Antoine Doinel dans Baisers volés?
Le gris d’autrefois nous fut celui des jours ordinaires « Mais on aimait / On aimait d’amour et sans le savoir / Ces familiarités de l’escalier qui craque / Et la grisaille dans les arbres ».

Ariel Spiegler, Le cycle des pigeons, éditions des compagnons d’humanité, 2023.

Ariel Spiegler

Ariel Spiegler est née en 1986 à São Paulo.

Le mélange de l’eau, éditions Corlevour, 2023.

« La radio grésille dans la voiture / une pluie battante s’écroule sur le pare-brise ». Passager dans le confort de l’habitacle, je me laisse conduire de poème en poème. Les mots qui me sont parfois adressés (« Tu te souviens de ce que ça fait / La sensation du sel et du vent ») sont si légers qu’il semblent flotter au-dessus des pages. L’écriture les dépose en pétales de confidences, sans les contraindre laissant de l’air circuler entre les lignes. Si les vers sont libres, la fréquence des octosyllabes fait entendre leur musique. lls sont sans ponctuation, sinon quelques points d’interrogation, et débutent avec une majuscule comme si chacun avait de surcroît la liberté d’être commencement d’un nouveau poème. Ils dévoilent le potentiel poétique de « cette vie si mélangée », sa « Beauté aux dents de travers ».
Le recueil est construit en deux parties séparées par une citation d’un sonnet de Shakespeare relative à l’amour. Derrière ces « mots ou brins de mousse » qu’Ariel Spiegler nous confie avec sincérité, derrière l’humour aussi se laisse deviner quelque blessure initiale (« Beau visage où l’on a caché / Petit écureuil n’avait rien compris / Au coin d’un bois ne dit rien de sa douleur »).

Ariel Spiegler Le mélange de l’eau, éditions Corlevour, 2023.

Ariel Spiegler

Ariel Spiegler est née en 1986 à São Paulo.

Jardinier, Gallimard, 2019.

Jardinier, titre sans pronom sonne comme un appel auquel répond déjà le premier poème:
« Ta solitude t’appelle. / Sois silencieuse, petite / rien de plus. ».
Quel est cet allié qui affirme « Je suis la meilleure part de toi » et qui se manifeste avec une telle tendresse (ma tendre, mon oiseau, petit moi, colombe). Ce jardinier s’adresse à qui? À Gomer peut-être, femme infidèle du prophète Osée dont une citation en incipit ouvre le recueil mais avant tout à Ariel qu’il nomme quelques fois.
« Tu te lèves chaque nuit pour moi? // Non comme une âme en peine / ne confondons pas les rôles »
Si d’abord elle invite au silence, cette âme assurément ne manque pas d’humour ni de questions et de questions sur la poésie en particulier:
« Est-ce que tu m’apprivoises? // Est-ce que tu me rencontres / dans cette veille / consacrée à je ne sais quoi, »
Ce livre organisé en six chapitres est une suite de poèmes qui déroulent une forme de récit. Le récit d’une histoire personnelle qui par la poésie s’affranchit des nécessités contextuelles. L’énigme fait du poème un abri où déposer la perle de l’intime.

Publié avec l’aimable autorisation de l’auteur. Musique: Magali Robergeau & Gérald Méreuze, lecture & mise en son : Jacques Vincent.