Extraits des lectures de septembre 19 à la librairie l’Ivraie, publiés avec l’aimable autorisation des éditions Obsidiane (http://perso.numericable.com/editions-obsidiane/).

« Hourra les morts ! » de Franck Venaille, éditions Obsidiane.
Le poète est né en 1936 à Paris et mort le 23 août 2018. Ses ouvrages lui doivent de nombreux prix littéraires dont , en 2017 le Goncourt de la poésie pour « Requiem de guerre » et le Grand prix national de la poésie pour l’ensemble de son œuvre. À partir de 1974 il travailla à France-culture, collaborant à la production d’émissions dans le cadre des « Nuits magnétiques ».
« Hourra les morts ! » fait ressurgir le XIème arrondissement de Paris, quartier populaire à l’époque où le poète y passa son enfance et une partie de sa jeunesse. C’est un recueil de poèmes, en prose pour la plupart, découpé en ensembles bornés par des titres tous surmontés de la mention Paris. Comme en prologue de chaque partie, des poèmes où se mêlent vers et prose composés en italique sont comme des lettres adressées au lecteur. L’écriture est animée de secousses angoissées, de tremblements de mémoire et des douleurs intimes qui la hantent : « moi je suis habité par des mélancolies qui me bouleversent ». La langue puise dans une matière mouvante d’ombres, de poussières et d’inquiétudes, arrête les mots dans leur voyage pour former un paysage plein de vitalité et d’étranges flamboyances où les variations syntaxiques et les déplacements de regard dessinent de singuliers chemins. « Car le laid enfin a droit de cité. Le laid n’est pas le frère à l’envers du beau. C’est par lui que l’on atteint au divin ».
Jacques Vincent