
Kristian Keginer, « Controverses de nulle part », éditions Les Hauts-Fonds, 2020.
L’ouvrage ressemble à l’atelier d’un mécanicien. Sur l’établi, étalés avec soin, rouages, pignons, chaines, courroies toutes pièces démontées d’anciens moteurs puis remontées devant nous en poèmes et poèmes anti-manifestes qui font jubiler la langue conquérante. C’est peut-être une manière pour ce poète brittophone qui n’ a plus publié depuis trente ans de prendre distance sur une colère d’autrefois, de donner voix à la blessure ouverte par l’interdiction du parlé breton pour la muer en vive énergie. Manière aussi de déconfiner le propos pour le rendre universel.
« Le poème se constitue / par la destruction totale / de la langue sauf lui […] et la langue se venge / à la fin / elle dit le silence / envahit tout ».