
Alexis Gloaguen est né en 1950 dans le Finistère.
À l’instar de Joseph Joubert avec la marche, c’est le vol qui produit l’écriture fragmentaire de ce livre qui se pose sur quelques villes du continent nord-américain. Le monde y est méticuleusement décrit avec une précision scientifique et sans hiérarchie des règnes. Végétal, minéral, animal, la nature et l’artefact se côtoient et conversent en permanence (« … les lys bâtards jaillissent des plaques de fer autour des arbres ») ou encore (« Je me sens animal déguisé d’un sourire »). Ce regard sur le monde en juxtapositions, associations et glissements métaphoriques confère à cette prose un statut de poésie, poésie d’un moraliste sans candeur qui s’émerveille néanmoins et « note les traversées mentales de chaque minute libre ».
Comme un recueil, ce livre qui ne nécessite pas de lecture suivie est fait de récits (tel en est le sous-titre) où l’écriture se tourne souvent vers elle-même pour désigner ce qui la conduit (« J’ai la nostalgie d’un lieu où l’amplification des mots formerait comme un milieu, un air qui englobe une totalité. ») ou l’élan qui la forme (« Écrire sans but précis, c’est forer le sol et voir s’il en sortira l’inconnu,… »).