Antonella Fiori vit à Marseille elle enseigne le français et anime des ateliers d’écriture.
Tenir le pas gagné, éditions de l’Aigrette, 2022.

« Ma relation avec la ville est d’abord une expérience corporelle », oui Antonella « écrit avec ses pieds » et ce recueil nous donne à lire ses expériences d’arpenteuse de sa ville de Marseille qu’elle explore jusque dans les recoins oubliés où pousse la vipérine. Chaque poème est un assemblage de fragments en prose, en vers quelques fois, enregistrements de scènes, de paysages ou de rêves, énonciations de pensées dans une écriture elle-même en déambulation. Si la vue y est première, tous les sens sont convoqués dans ces parcours qui, à l’instar du plasticien Richard Long qu’elle cite, font la marche traceuse de formes. Antonella Fiori m’apprend au passage l’origine de l’expression prendre son pied.
Des vers en anglais accompagnent parfois le cheminement des poèmes dont chacun est titré d’un verbe à l’infinitif: traverser, habiter, prendre, … sollicitations qui maintiennent l’avancée comme l’annonce le titre à double sens du recueil. Pas est aussi le mot du refus, risquant l’équilibre pour poser le pas suivant comme l’ont fait des hommes en Tanzanie « il y a 3 700 000 ans ».
« Très tôt, j’ai su que rompre avec ses ancêtres, avec sa langue et son pays est une épreuve terrible ».
lecture & mise en son: Jacques Vincent.