Laurent Albarracin

Laurent Albarracin, né en 1970, vit en Corrèze où il anime les éditions « Le cadran ligné ».

Si étant faux, L’Étoile des limites, 2022.

Un postulat (où si est adverbe et note de musique quand faux est adjectif autant qu’outil agricole) nous fait entrer dans ce poème. Commence alors la lecture d’un texte qui s’écoule « dans un charroi / de rivière / parallèle » dont l’auteur veille paradoxalement à « tenir le cap / relâché / courir le risque / caracolé », laissant le mot devancer le sens tandis qu’ « à l’arrière roule / la raison-balai ». Laurent Albarracin laisse flotter la langue en jeux de mots, détournements (« puisque / puisque / rage »), remplacement d’un mot par un paronyme (« lacère / par d’autres moyeux »), allitérations (« la pelle / boutant / sur de durs dehors »), chiasmes et néologismes (« les fleurs / boivent les lèvres // à moins qu’elles ne lèvrent leurs bu »), indifférenciation des sens propre et figuré (« comme si l’on / jetait son dévolu / par la fenêtre »), métaphores surprenantes (« avec de grands airs / de linoléum / soupirant »), définitions farfelues (« susciter c’est / sucer les pis / de l’absence ») et toutes figures souvent porteuses d’un humour latent  qui jaillit parfois en rire au hasard d’un détournement (« quand bien même / une taloche jamais / ne gâchera le hasard »).
Des stances brèves en distiques, tercets, quatrains et même un quintile sonnant comme des proverbes font avancer ce texte (parfois méta-texte) en saccades qui s’achèvent sur une définition énigmatique aux allures de contrepèterie (« si étant / la règle / dentée / de soute »).

Musique: Magali Robergeau & Gérald Méreuze,
lecture & mise en son: Jacques Vincent.

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