Daniel Kay

Daniel Kay, né à Morlaix en 1959, habite la Bretagne.

Vies silencieuses, Gallimard, 2019.

Devant la toile du peintre, rester longtemps, longtemps, jusqu’à être avalé. C’est l’expérience que Daniel Kay nous partage dans ce recueil qui commence par une question: « Est-ce le bleu qui contient le ciel ou bien est-ce le bleu qui s’arroge le ciel comme un don qu’on ne saurait reprendre? ». Le doute est permis, on est en droit aussi de se méfier de la « perfidie du bleu ». Cet amoureux de peinture nous conduit en déambulations dans le silence des toiles, leur temps, celui du geste des peintres, celui de leurs ateliers dans les « tâtonnements infinis des mains qui s’agrippent à la paroi invisible de la caverne ». La rêverie chemine entre vers et proses sous des « Nuages de Veronese, de Constable, de Turner », le regard et la pensée se dissolvent dans le rouge de Rothko, se laissent conquérir par la pénombre lumineuse de de La Tour, entraîner dans les nuits mélancoliques de Rembrandt. Je ne puis que m’attarder, lire et relire, revenir sur les lignes pour me laisser moi-même avaler par ces visions silencieuses « sous la synecdoque des nuages ».
Et puis, et puis, ces poèmes invitent à se poser longtemps, longtemps devant les toiles des peintres.

Daniel Kay, Vies silencieuses, Gallimard, 2019.